Trintignant – Les § Inattendus de Phileus

Qu’est-ce qui est le plus important, la guerre en Ukraine, la chaleur, les affaires Abad ou Bourdin, les élections, ou la mort de Jean-Louis Trintignant  » Mort paisiblement de vieillesse  » ? Ah ! comme j’aimerais mourir paisiblement de vieillesse… Lundi comme Jean-Luc ( Mélenchon ) j’attendrai le coup de téléphone du président lui annonçant sa nomination en qualité de premier ministre, qu’il est drôle ce monsieur Mélenchon mais s’il est vrai que la vie continue je n’en pense pas moins à ce couple celui de Nadine et Jean-Louis Trintignant .

La Peau – Les § Inattendus de Phileus

… Pas fier d’avoir mentionné dans mon précédent papier mes incursions chez Jacquie et Michel non pas pour y être allé bien que ce soit damnable mais parce que j’avais bien constaté que les hommes qui y sévissent sont de sales brutes et que si les filles ou femmes – hormis celles qui connaissent les codes du milieu et en deviennent les rabatteuses – acquiescent selon une formule devenue cliché, une fois que le type les entreprend elles découvrent alors qu’il n’est même plus une bête en rut, mais une espèce de barbare sexuel dont elle ne sont même plus le jouet au départ consentant, mais la proie.. Bon allez je ne m’attarde pas, il est de meilleurs sujets .. Ceci étant dit, ceci n’absout pas cela, ne m’absout pas. Mieux valent de fêter l’arrivée du Larousse Nouveau et de me replonger dans le terrible livre de Curzio Malaparte, fameux écrivain italien et correspondant de guerre lors de la seconde guerre mondiale,  » La Peau  » que j’avais lu adolescent… et ce sera tout pour le moment .. Un moment à 21° … Tiens la Peau ! toujours la peau … !

Une petite gourde de Mexicaine – ( Les § inattendus de Phileus ).

…  » Et je me suis rendu compte que je discutais avec une petite gourde de Mexicaine, et je le lui ai dit . Sans réfléchir, j’ai ramassé ses chaussures rouges, et je les ai envoyées dinguer contre la porte de la salle de bain en lui disant de sortir :  » Vas-y, casse-toi !  » J’allais dormir, oublier ; j’avais ma vie, mon lot de tristesses et de guenilles, pour toujours. Béa les yeux pleins de larmes de repentir, s’est déshabillée et a glissé son corps minuscule entre les draps, avec moi. Il était vermeil comme une grappe. J’ai mordu son pauvre ventre, barré jusqu’au nombril par la cicatrice de sa césarienne ; elle avait les hanches si étroites qu’il avait fallu l’éventrer pour mettre son enfant au monde. Des jambes comme des baguettes. Elle ne mesurait qu’un mètre quarante-cinq. Elle a écarté ses jambes menues, et je lui ai fait l’amour dans la douceur du matin. Et puis, tels deux anges épuisés, naufragés dans un garni de Los Angeles, qui ont découvert ensemble l’intimité la plus délicieuse de la vie, on s’est assoupis, et on a dormi jusqu’en fin d’après-midi.  » C’est beau comme du Kerouac et c’est du Kerouac Sur la Route. Une larme de bonheur simple pour ouvrir ma journée ..

Les paragraphes inattendus de Phileus

Fiertés – La Marche des Fiertés … J’y vais, enfin j’y vais ! en qualité de spectateur, qualité c’est vite dit, plutôt en spectateur bonasse, curieux, amusé, qui apprécie l’ambiance colorée, tonitruante, gaie et gay, lesbienne et transgenre, et alors même que je ne partage pas ces moeurs que je ne partage pas ni ne cautionne, mais il faut faire avec puisque désormais les institutions les avalisent et les défendent … Enfin quand même comment pourrais-je cautionner cette Marche des fiertés, la fierté de ceux qui approuvent les mariages en tous genres, qui approuvent la gestation pour autrui, qui approuvent la prolongation de l’interruption volontaire de grossesse à quatorze semaines et alors même que le corps des gynécologues désapprouve horrifié cette soi-disant avancée … Enfin bon je suis homo pourquoi en serai-je fier, lesbienne pourquoi en serai-je fière et transgenre pourquoi je .. Je suis homo je suis lesbienne, transgenre, bon eh bien je le suis, ça me regarde, ça ne regarde que moi, point à la ligne. Mais je suis normal ( qu’est-ce que la normalité ) et être normal m’est déjà bien suffisant à assumer ..

Les paragraphes inattendus de Phileus

La cloche de la chapelle au bout de la rue sonne ses douze coups, ça fait très place du village … En attendant depuis des temps immémoriaux, ça féconde, ça féconde, et ça enfante, ça enfante par milliers, par millions et par milliards, l’humanité est un rut permanent, et puis on vit on bouffe, on meurt et enfin on brûle, on incinère ou on enterre, l’on meurt sans que quiconque vous ait connu, ait entendu parler de vous, mais après tout vous n’étiez rien, l’on meurt même avant d’avoir vu le jour, ou d’avoir vécu, l’on meurt en découvrant sur le tard que l’on a vécu et que l’on ne savait pas que l’on vivait et l’on voudrait recommencer, alors à quoi bon ce mouvement continu, on gagne quoi à la fin ? Rien on est même puni, l’enfer, le purgatoire au mieux, et dire que l’on s’est crevé donc pour des prunes, non y’ a un truc, c’est pas possible ..

Les paragraphes inattendus de Phileus

Madame de Sévigné, il faudra que je lui en parle le jour où je la croiserai, car je la croiserai, tôt ou tard, mais je la croiserai. Facebook ne l’aurait pas intéressée mais Twitter il y a des chances, qu’importe je ne vais pas refaire l’histoire madame de Sévigné n’est plus ou plutôt elle est ailleurs et Twitter à son époque n’était pas, non ce qui me surprend c’est qu’aucun bel esprit homme ou femme ou transgenre, noir, blanc, ou jaune ou a – e – i – o – u n’y exerce ou n’y frotte son talent il est vrai qu’il en est tant de ces pseudo écrivains dont les écrits ont la couleur de jeans délavés et le style déchiré aux genoux .. C’est tout pour le moment, ben oui je ne suis pas comme Jack Kerouac je ne me dope pas à la benzédrine pour écrire et ne change pas de T-shirt dix fois par jour .. je ne halète pas sur mon rouleau de papier .. j’ai seulement au bout de la langue une espèce de sale petit bouton de fièvre teigneux, piquant qui depuis le début de la semaine m’exaspère mais enfin ma sciatique qui hachurait mes nuits depuis quatre ou cinq nuits a disparu si tout commence tout finit par finir … ah bien je suis content pour vous … moi mes écrits ce n’est ni la Route de Kerouac, ni la Route 66, c’est ma rue, avec ses trottoirs, ses caniveaux, sa chaussée et ses flux et reflux … Et ses poubelles que les bobos, ces espèces de néo-malfrats se refusent à rentrer chez eux comme les règlements les leur prescrivent et comme la police s’en tape, mais l’on se tape de tout aujourd’hui..

Les paragraphes inattendus de Phileus

 … Chouette !  » La bronchite va dégénérer. le père Ottonello sait que l’on atteint à l’ultime confession, il se penche vers Edmonde et dit ;  » Au nom du Père et du Fils, je vous pardonne tous vos péchés.  » Depuis l’entre deux mondes où, le visage de pierre, elle s’attarde encore un peu, elle soulève légèrement la tête et fait :  » Chouette !  » . Elle n’est pas effrayée, par la nuit incommensurable qui l’attend. Et déjà l’extrême-onction. Elle distingue la soutane, esquisse un sourire, elle soupire:  » Ah ! Frère Jean … «  – ( Extrait du livre de Dominique de Saint-Pern :  » Edmonde, l’envolée  »  ) – … …Edmonde Charles Roux, Prix Goncourt 1966 pour  » Oublier Palerme  »  est morte en janvier 2016 …  Une très belle histoire, dans un très bon livre, sur une femme flamboyante et en définitive peu connue, et quelle belle fin apaisée et dont je pourrais rêver, et voilà au moins je n’aurai pas perdu ce vendredi, il me reste à rencontrer un Frère Jean …  ce serait …Chouette !

Les paragraphes inattendus de Phileus

… Il me dit Phil j’ai une salade a te donner, je suis allé chercher sa salade qui poussait parmi d’autres dans quelques centimètres carrés de terre immonde, j’ai pas voulu le vexer, une salade dégueue, un peu gluante, emplie de loches goulues et baveuses, rien avoir avec la salade et la sauce que je vais faire pour ce soir, mais ça m’a amusé de voir que madame Hollande-Gayet portait une robe blanche, beau mariage j’aime les mariages j’ouvre au hasard  » Sur la route « de Jack Kerouac, le livre devrait être dans toutes les bibliothèques, même si sa valeur littéraire est aujourd’hui contestée, et je lis ;  » J’ai regardé Diane, un beau morceau, peau de miel, tentante… elle ambitionnait d’épouser un homme riche au lieu de quoi alors qu’elle s’était figuré avoir rencontré un fils de famille, elle se retrouvait coincée dans cette bicoque  » L’on peut dire que Julie Gayet – qui quand même, elle, a épousé, un ex au demeurant ex et normal, et qui ne finira pas ses jours dans une bicoque, – l’on peut dire que Julie Gayet ce qui n’est ni vulgaire ni attenter à sa dignité de femme, est un joli morceau tandis que son François auquel La Comédie française pourrait confier tous les rôles des vieux givrés du théâtre de Molière est un bon morceau ce qui n’est pas offenser son honorabilité, ce nouvel hobereau en serait très flatté .. j’aurais pu dire de madame Holland-Gayet, c’est une belle plante comme jadis on le disait de la ministre de l’environnement d’alors madame, allez je vais conclure par belle plante c’est plus seyant … madame, madame ah voilà ! madame Voynet… Beau morceau, belle plante, et moi qui n’ai même pas une belle salade pour ce soir …

Les paragraphes inattendus de Phileus

… Camarades aidez-moi où puis-je trouver de la moutarde ? Les rayons sont vides depuis des semaines, je ne trouve plus de moutarde.. considérez la question comme une question rhétorique, elle est si futile quand la Corne de l’Afrique se meurt … Oui je reviens, j’écoutais le préfet de Police de Paris répondant aux questions des sénateurs sur les évènements de l’autre jour, un excellent préfet et des sénateurs nullissimes qui ne savent pas ce que c’est qu’une administration, qui ne connaissent rien quant aux modalités de préparation d’un grand rassemblement, et qui doutent par principe du sens profond du service public des fonctionnaires … mais ce n’est pas nouveau .. enfin sans transition et l’on me dira que je fais du sans queue ni tête, mais qu’importe j’écris pour moi, j’aimerais que quelqu’un m’offrît le roman inédit de Louis-Ferdinand Céline  » Guerre « , dans lequel l’on retrouve ses outrances langagières … cf cet extrait que j’emprunte à la chronique du Monde daté du 6 mai dernier, consacré au bouquin ; Quand le souteneur Cascade dit à sa  » grognasse  » Angèle ;  » Dis encore un mot saloperie que je te carabosse ta putain de gueule de carafe  » et qui l’invite à aller «  se faire tasser par ses nègres  » … C’est du cru, hélas ce cru et bien d’autres choses que l’ on reprochait à Céline que l’on accable de tous les maux du monde, l’on est plus conciliant avec les San-Antonio de Frédéric Dard dont le langage ordurier ferait rougir les hardeurs de Jacquie et Michel Oui je sais je sais Frédéric Dard n’était pas antisémite et caetera et caetera et dommage que monsieur Louis-Ferdinand Céline ne soit plus là pour se défendre, d’ailleurs il aurait l’orgueil et la légitimité à ne pas vouloir se défendre… je brise là parce que lorsque l’on s’en prend à Céline la moutarde me monte au nez ..

Les paragraphes inattendus de Phileus

Nous sommes quatre, comme les quatre mousquetaires, classes moyennes, vieux décatis, mais qui faisons deux fois par semaines nos dix à douze kilomètres de footing, tranquilles malgré nos arthroses, nos sciatiques, nos prostates dessoudées, mais A *** depuis quelques semaines commence à battre de l’aile, plus précisément du poumon, ça faiblit, il s’accroche A *** ne veut pas mourir déjà, alors il s’accroche il veut vivre et croire qu’il peut tenir encore une dizaine d’années d’ailleurs c’est ce que l’un de nous il y a quelques mois nous a proposé comme objectif tenons dix ans encore, nous avons acquiescé, quant à moi je n’assure pas que j’y parviendrai et d’ailleurs je peux mourir dans l’instant, m’écrouler dans l’instant le front sur le clavier ou sur ma page blanche mais comme il faut mourir mourrons, enfin nous ne sommes pas encore morts, et sommes heureux de vivre, mais l’on commence à percevoir les premiers signes d’un déclin évident nous en prenons acte et nous ne sommes plus sur la même route que celle de Jack Kerouac et de son terrible ami Neal Cassady qui en cavale passant la tête par la portière pour mieux humer la ville s’exclamait ;  » Ah Bon Dieu, quelle vie !  » . Il n’avait pas assez d’yeux pour voir les filles. «  Matez-moi celle-ci, ah ! elle me botte celle-là, ah ! les femmes que je les aime, que je les aime, que je les aime ! je les trouve fabuleuses ! les femmes c’est ma vie !  » Nous aussi nous avons aimé les femmes, nous les aimons encore mais nous, nous ne sommes plus sur une route nous sommes sur un sentier qui nous emmène, qui nous emmène, où ? Pause ! demain est un autre jour. Mais après tout nous ne sommes pas encore dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et gna gna gna, et gna gna gna où l’on nous mettra au lit à seize heures après nous avoir langés et fait boire un breuvage insane.

Les paragraphes inattendus de Phileus

Nous sommes quatre, comme les quatre mousquetaires, classes moyennes, vieux décatis, mais qui faisons deux fois par semaines nos dix à douze kilomètres de footing, tranquilles malgré nos arthroses, nos sciatiques, nos prostates dessoudées, mais A *** depuis quelques semaines commence à battre de l’aile, plus précisément du poumon, ça faiblit, il s’accroche A *** ne veut pas mourir déjà, alors il s’accroche il veut vivre et croire qu’il peut tenir encore une dizaine d’années d’ailleurs c’est ce que l’un de nous il y a quelques mois nous a proposé comme objectif tenons dix ans encore, nous avons acquiescé, quant à moi je n’assure pas que j’y parviendrai et d’ailleurs je peux mourir dans l’instant, m’écrouler dans l’instant le front sur le clavier ou sur ma page blanche mais comme il faut mourir mourrons, enfin nous ne sommes pas encore morts, et sommes heureux de vivre, mais l’on commence à percevoir les premiers signes d’un déclin évident nous en prenons acte et nous ne sommes plus sur la même route que Jack Kerouac et son terrible ami Neal Cassady qui en cavale passant la tête par la portière pour mieux humer la ville s’exclamait ;  » Ah Bon Dieu, quelle vie !  » . Il n’avait pas assez d’yeux pour voir les filles. «  Matez-moi celle-ci, ah ! elle me botte celle-là, ah ! les femmes que je les aime, que je les aime, que je les aime ! je les trouve fabuleuses ! les femmes c’est ma vie !  » Nous aussi nous avons aimé les femmes, nous les aimons encore mais nous, nous ne sommes plus sur une route nous sommes sur un sentier qui nous emmène, qui nous emmène, où ? Pause ! demain est un autre jour. Mais après tout nous ne sommes pas encore dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et gna gna gna, et gna gna gna où l’on nous mettra au lit à seize heures après nous avoir langés et fait boire un breuvage insane.

Les paragraphes inattendus de Phileus

Allez vieux au travail, allez mon pote ! tu ne vas pas passer la journée devant la télé, tu as de la chance ta sciatique te laisse tranquille depuis trois ou quatre nuits, bon tu dors par séquences courtes, tu te tournes et retournes, mais y ‘ a pire mon vieux par les temps qui courent, tu pourrais être sur un grabat, dans les odeurs d’urines, de formol et entre les mains de soignants morveux, tandis que là hein ! il va faire beau humide mais beau en fin peut-être pas beau mais mieux que ce matin lorsque sous une petite pluie fine tu es allé chercher ton pain, il a augmenté … Allez vieux ! Kessel, Kerouac, Laforgue, Valmore t’attendent, laisse tes neurones les tripoter, les ingurgiter, il est sept heures vingt et une il fait seize degrés, oui c’est vrai les policiers ont tiré top vite sans sommations, dit-on, ça se gâte pour eux…… Il paraît que l’ex président normal s’est marié avec Gayet, Gayet je l’ai vue nue dans je ne sais plus quelle film, elle avait du charme, elle ne se rase pas, du moins dans ce film elle n’était pas rasée, ses parents ont un château je crois, c’est madame Royal qui doit l’avoir mauvais elle qui voulait le mariage lui qui n’en voulait pas …elle qui croyait au ciel lui qui n’y croyait pas.

Nouvelle – Un crime parfait – ( Suite de 1 et 2, et fin )

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Un soir, c’était en août. Apolline et moi cheminions  le long du quai désert au bord du fleuve. L’air était doux et sentait bon le sable chaud. J’étais allé le matin même chez le coiffeur. J’avais le cheveu très court, presque ras, coupe para pas très prisée à l’époque. J’avait fait mon service dans les parachutistes après que toute mon adolescence durant ma mère m’emmenant chez le coiffeur me faisait littéralement rasé. Nous étions pauvres. Au collège l’on me moquait, le tondu ! m’insultait-on. 

   Apolline n’a pas aimé du tout.  » Pourquoi as-tu fait ça ?  » m’a-t-elle questionné, sévère. Donc ma tête ne lui revenait pas et ça la gênait de s’afficher avec une boule à zéro ! J’aimais bien pour ma part passer ma main sur ses seins ronds et bien agréables. Je pouvais comprendre son désagrément, son irritation même de ne pouvoir passer sa main dans mes cheveux.

    J’avais aussi pu constater, du moins au toucher – elle m’avait assez vite autorisé à glisser ma main sous sa jupe et sous son slip – qu’elle se rasait la chatte, à l’époque ce n’est pas un mot que l’on osait dire, autrement dit elle se rasait le pubis et avait le poil dru quand il repoussait et que je sentais sensuel érotique sous mes doigts.

Mon cœur ne lui était donc qu’accessoire me dis-je. Elle ne m’aimait pas, me désirait, c’était sexuel chez elle. Elle m’avait déjà bien contrarié avec Colette cet autre soir …. Je suis même certain que j’ai connu Colette bien avant elle. Elle prit ma non réponse par défaut ou mon indifférence du moment pour une ignorance crasse et me prit pour un illettré.

    Ce soir elle m’entreprenait sur un nouveau registre de notre relation, elle n’aimait pas les cheveux courts. A l’époque les cheveux courts pour les garçons n’étaient pas mode du tout. Les filles n’aimaient pas les cheveux courts pour les garçons. Elle m’a vexé de nouveau, elle venait de nouveau de m’humilier. Je l’aimais mais ça commençait à bien faire. Mais je lui ai proposé de prolonger la promenade et l’ai emmenée jusqu’au bord du quai sur le port. Nous parlerions, sa contrariété s’estomperait.

Il était bien vingt trois heures, la lune était haute et pleine et s’alanguissait en se coulant sur le fleuve.

Je n’ai jamais trop su ce qui s’était passé. L’on marchait le long du quai épaule contre épaule. Nous nous étions soudain enfoncés dans un silence malheureux, peiné, que nous ne parvenions pas à rompre. Elle était côté fleuve, vraiment au bord du quai. A un moment, je me suis écarté d’elle pour bien la regarder pour lui dire, captant son regard, avec mes yeux :  » Apolline, pourquoi m’as tu fais ça ? mes cheveux vont repousser je te promets que je ne recommencerai plus « .

Elle était au bord du quai, je me suis avancé vers elle, je voulais la prendre contre moi, je l’aimais, elle a reculé, j’ai eu peur j’ai dit Apolline ! elle s’est reculée encore et c’est là qu’elle est tombée dans le vide, dans le fleuve. Elle a crié, j’ai vu ses yeux effarés, ses jambes sous sa jupe, un bruit, le corps qui bute dans l’eau avant de s’y enfoncer, qui fait plouf, un geyser. Il y a eu des remous. J’aurais pu plonger. J’ai crié, j’ai fait des gestes avec les bras. Elle coulait, remontait, dérivait. J’ai eu peur. Il n’y avait personne alentour. Je paniquais, elle montait, remontait puis a coulé emportée loin déjà.

 Je n’ai pas plongé. C’eût été insensé dans ce grand fleuve noir et rapide. J’ai regardé autour de moi, personne, j’ai attendu, personne, le fleuve poursuivait son cheminement vers l’estuaire. Je suis quand même allé au milieu de la chaussée arrêter une voiture, elle, elle devait être loin maintenant, j’ai dit faut appeler les pompiers y’a quelqu’un qui est tombé à l’eau, ça été long nous n’avions pas de téléphone portable à l’époque.

Les pompiers ont tardé, puis le temps qu’ils trouvent l’endroit pour mettre leur canot à l’eau et faire une virée pour la forme sous la lune, Apolline était loin très loin, noyée, morte depuis longtemps, ils ont retrouvé son corps dans les roseaux trois kilomètres plus loin deux jours après.

La police m’a interrogé, je n’ai rien nié, j’ai tout raconté, il m’ont interrogé cinq fois, mon crâne rasé les agaçait, un policier m’a dit avec la gueule que tu as à l’âge que tu as tu aurais dû plonger si tu dis que tu ne l’as pas poussée.  J’ai répondu je ne sais pas nager. Il m’a dit je ne te crois pas. Il avait raison je sais nager et j’ai précisément appris à nager dans ce fleuve. Ils ont fini par me relâcher.

Je l’aime encore aujourd’hui c’est la seule femme que j’ai aimée. Elle n’avait qu’à pas reculer. Elle n’aurait pas dû me vexer.

                          µµµ

                        FIN

  • Le jeudi 3 octobre, le lundi 7 octobre 2013

Nouvelle – Un crime parfait – 2 –

…  J’étais alors employé dans un service mécanographique. Evidemment, puisque ça date. Elle était employée aux écritures dans la même entreprise. On s’est croisé dans les locaux un matin.

Dans l’escalier qui allait du rez-de-chaussée au sous-sol ou du sous-sol au rez-de-chaussée. Je descendais. Elle montait de l’imprimerie étreignant une liasse encombrante de circulaires. Elle a levé les yeux vers moi. J’ai dû la troubler gravement. Elle a tout lâché d’un coup. Il y a eu un bel envol de feuilles blanches qui après s’être complu dans de jolies et courtes arabesques se sont éparpillées sur toutes les marches.

Je me suis baissé et l’ai aidée à ramasser, nos yeux se sont croisés, nos joues se sont frôlées. Chacun a dû rosir un peu. C’est comme ça que nous sommes tombés amoureux. C’est elle qui de son bureau m’a appelé, moi j’étais très timide.  » Vous voudriez passer une soirée cinéma avec moi  » J’ai répondu oui. C’est ainsi que l’on a commencé à se fréquenter. C’est comme ça que l’on disait à l’époque.

On était à la veille de mai soixante huit. Elle s’appelait Apolline. Elle m’a dit :  » Avec un p « . Je l’ai regardée. Ah ! bon. Je n’ai pas compris pourquoi elle m’avait dit ça. 

     Un soir nous sommes allés au cinéma voir  » Les Canons de Navarone « , non ça les Canons de Navarone avec Anthony Quinn, ce fût plus tard avec une autre, une Françoise, celle-là elle m’avait fait tout un scénario pendant la séance. Elle avait enlevé ses boucles d’oreille, puis donner sa langue. Elle était bonne d’ailleurs, mais je m’égare et je reviens à Apolline.

Apolline ce soir là s’était étonnée que je ne connusse pas Colette, du moins que je parusse ne point la connaître. Comment tu ne connais pas Colette ! s’était-elle exclamée avec sa voix flûtée. J’avais été vexé.

A suivre

Nouvelle – Un crime parfait – 1 –

Je vous le dis. En vérité, je vous le dis. Il y a prescription. J’ai soixante cinq ans. Ma vie s’achève. Et je vis le sursis qui m’est accordé puisqu’en l’instant où j’écris ces lignes, et si l’on doit se fier aux derniers résultats d’analyse, je ne suis exposé à moyen terme, ni à un cancer du colon, ni a un cancer de la prostate, je vis ce sursis comme le sas d’entrée en enfer. Pourquoi en enfer, parce que si vous ne savez pas ce qu’a été ma vie moi je le sais. Alors pour moi il n’y aura pas de purgatoire. Ce sera l’enfer tout de suite.

Le passé me revient tout en vrac, soudain, m’envahit désormais, me hante, me possède et me colle à la peau comme la tunique de Nessus. Je suis célibataire, pas de femme, pas d’enfant. Je ne sors plus. Une femme, j’ai failli en avoir une, puis deux, puis trois. Mais la femme dont je vous parle c’est la femme, la vraie, celle que j’ai aimée d’amour. Le vrai. Ce n’était pas un amour fou, c’était l’amour, le vrai. Qu’est-ce que le vrai. Je n’en sais rien. J’avais vingt deux ans. Elle avait vingt deux ans. J’aimais sa chevelure, son sourire et ses lèvres, son parfum et son pubis rasé qui piquait lorsque le bout des doigts l’effleurait. Mais je me dois de respecter quelque décence.

 – A suivre –

Nous nous gaussons des Dieux

Je ne comprends pas comment la planète, comment cette terre qui tourne autour du soleil que chacune et chacun en dessous en dessus, à l’Ouest, à l’Est, sous toutes les latitudes voit, comme elle ou il voit la lune avec les mêmes yeux, avec le même coeur irrigué par le même sang, raisonnant avec la même intelligence, je ne comprends pas comment cette terre, bafouée, asséchée, bombardée, humiliée, massacrée, violée, je ne comprends pas comment cette terre ne réagit pas … Mais je pressens qu’un jour dans un formidable tressaillement elle va nous réduire en cendres … Les Dieux en l’instant laissent faire mais ça finira mal. Nous nous gaussons des Dieux, qui nous observent avec une grand commisération. Il nous auront tout donné, nous leur aurons tout détruit. L’addition sera lourde.

Dis monsieur …

Dis monsieur pourquoi on se lève, pourquoi faire, dis monsieur pourquoi on se couche pourquoi faire si c’est pour se relever au matin, je ne m’appelle pas Sisyphe moi monsieur, je ne suis pas le petit Prince, je n’en ai rien à faire du petit Prince, c’est facile de vivre dans les livres, d’y faire le beau…. moi aussi je peux me teindre les cheveux, me mettre un beau foulard, et un beau pyjama et dire de belles paroles, et après et après monsieur je fais quoi … moi les moutons je n’en ai rien à faire, rien et je préfère Sophie et ses malheurs et Bécassine ma cousine qui s’amusent à couper en deux les petits poissons rouges….

L’hôtesse de Caisse

L’homme doit avoir trente cinq ans. Maniant sa perche râteau caoutchouc, il lave à coups de grands balancements la devanture d’une blanchisserie. Il s’appelle Antoine Lemaréchal et pense à ce que sa fille de douze ans leur a raconté hier soir à table.

– Papa, il y a Moura qui m’a demandé au collège ce que faisait mon père. Je lui ai dit que tu travaillais dans une entreprise de services. Elle m’a dit : Mais il fait quoi ? c’est quoi des services. Je n’ai pas su lui répondre. Alors elle m’a dit :

–  » S’il travaille ton père, il fait bien quelque chose !. »   Alors y’a une copine à Moura qui est arrivée, qui a entendu, c’est Agathe et elle m’a dit :

–  » Bon allez ! dis le ! ton père il nettoie les chiottes des entreprises.

–  C’est ça papa, tu nettoies les chiottes dans les entreprises ?

Antoine Lemaréchal a pâli et c’est Cécile Lemaréchal son épouse qui intervient.

– Et les parents de tes copines ils font quoi ?

– Le père de Moura il est agent municipal.

– Ah ! bon et il est quoi, il fait quoi ?

– Je crois qu’il est dans les services techniques, il entre les poubelles de la mairie après le passage des bennes à ordures,  puis il les ressort le soir pour le lendemain.

– Eh bien ton père ma chérie, dis-le lui Antoine, ton père à toi il est technicien de surface. C’est à dire qu’il est responsable de la propreté des entreprises. Et le père de Moura, je vais te dire ma fille, s’il rentre et sort les poubelles c’est que lui aussi il nettoie aussi il nettoie les chiottes de la mairie, mais lui il les nettoie, ton papa il ne le les nettoie pas, ton papa il les fait nettoyer par quelqu’un comme si ce quelqu’un c’était le père de Moura..

– Ah ! tu crois maman, c’est vrai papa ?

– C’est-à-dire Chérie, c’est pas…

– Antoine ! tu t’occupes bien de la propreté des entreprises… non ?

– Oui mais…

– Ma fille, ton père est chargé de la propreté des entreprises, tu as compris ?

– Oui maman, et toi chez Auchan tu fais quoi, t’es caissière ?

– Non ma chérie, je suis hôtesse de caisse. C’est écrit sur mon badge.  » Cécile – hôtesse de caisse « . J’enregistre le prix des articles, j’encaisse les chèques, je rends la monnaie. Je suis responsable de caisse. C’est moi qui compte les sous, qui rend la monnaie, qui vérifie les chèques.   Moi ma fille je suis hôtesse, je rend la monnaie, le père de ta Moura, lui ma fille il vide les poubelles des gens qui vomissent leurs ordures …

                           µµµ

Phileus ne la ramène pas !

Phileus qui se prend pour Delon – D’ailleurs il fait bien car il est aussi vieux – enfin un peu moins – que lui et aussi moche que lui, eux qui étaient si beaux … – donc Phileus qui se prend pour Delon et qui se raconte à la troisième personne du singulier n’aime pas les gens.

Ce matin dans la grisaille de l’aube naissante revenant de la boulangerie, la baguette viennoise a augmenté de dix centimes, il a croisé un vieux type qui promenait son chien, d’ailleurs il le croise souvent quand il va chercher son pain, une casquette à la noix sur sa touffe de cheveux blancs une espèce de sweat sur un bermuda coiffant des jambes grêles et variqueuses, les pieds dans des savates, le chien un petit cabot crasseux au bout de la laisse qui lève la patte sur les murs, ça dégouline sur le trottoir ça fait propre et ça sent bon..

Depuis qu’ils se croisent ils pourraient se dire bonjour mêmes âges mêmes têtes, mais non ! Phileus l’évite, alors que d’emblée il sourit et engage la conversation si l’autre fut-il un inconnu lui semble accessible, mais celui-là, ce vieux-là il le révulse … il sent que l’autre répondrait volontiers à un bonjour, mais c’est comme ça on ne peut pas plaire à tout le monde …

Hein Delon ! Sauf que, sauf que le vieux qui promène son chien, avec son air de vieux con il pourrait en conter à Phileus, malgré sa dégaine de débraillé sorti du lit pour sortir le chienchien, et sa gueule à la Marcel Conche car peut-être ce vieux est-il un Marcel Conche ou quelque brillant esprit, alors hein Phileus ne la ramène pas ..