Nouvelle – Un crime parfait – 1 –

Je vous le dis. En vérité, je vous le dis. Il y a prescription. J’ai soixante cinq ans. Ma vie s’achève. Et je vis le sursis qui m’est accordé puisqu’en l’instant où j’écris ces lignes, et si l’on doit se fier aux derniers résultats d’analyse, je ne suis exposé à moyen terme, ni à un cancer du colon, ni a un cancer de la prostate, je vis ce sursis comme le sas d’entrée en enfer. Pourquoi en enfer, parce que si vous ne savez pas ce qu’a été ma vie moi je le sais. Alors pour moi il n’y aura pas de purgatoire. Ce sera l’enfer tout de suite.

Le passé me revient tout en vrac, soudain, m’envahit désormais, me hante, me possède et me colle à la peau comme la tunique de Nessus. Je suis célibataire, pas de femme, pas d’enfant. Je ne sors plus. Une femme, j’ai failli en avoir une, puis deux, puis trois. Mais la femme dont je vous parle c’est la femme, la vraie, celle que j’ai aimée d’amour. Le vrai. Ce n’était pas un amour fou, c’était l’amour, le vrai. Qu’est-ce que le vrai. Je n’en sais rien. J’avais vingt deux ans. Elle avait vingt deux ans. J’aimais sa chevelure, son sourire et ses lèvres, son parfum et son pubis rasé qui piquait lorsque le bout des doigts l’effleurait. Mais je me dois de respecter quelque décence.

 – A suivre –

Publié par

Phileus

Septuagénaire, aimant la course à pied, la lecture, l'écriture, la vie ...

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