Les paragraphes inattendus de Phileus

Nous sommes quatre, comme les quatre mousquetaires, classes moyennes, vieux décatis, mais qui faisons deux fois par semaines nos dix à douze kilomètres de footing, tranquilles malgré nos arthroses, nos sciatiques, nos prostates dessoudées, mais A *** depuis quelques semaines commence à battre de l’aile, plus précisément du poumon, ça faiblit, il s’accroche A *** ne veut pas mourir déjà, alors il s’accroche il veut vivre et croire qu’il peut tenir encore une dizaine d’années d’ailleurs c’est ce que l’un de nous il y a quelques mois nous a proposé comme objectif tenons dix ans encore, nous avons acquiescé, quant à moi je n’assure pas que j’y parviendrai et d’ailleurs je peux mourir dans l’instant, m’écrouler dans l’instant le front sur le clavier ou sur ma page blanche mais comme il faut mourir mourrons, enfin nous ne sommes pas encore morts, et sommes heureux de vivre, mais l’on commence à percevoir les premiers signes d’un déclin évident nous en prenons acte et nous ne sommes plus sur la même route que Jack Kerouac et son terrible ami Neal Cassady qui en cavale passant la tête par la portière pour mieux humer la ville s’exclamait ;  » Ah Bon Dieu, quelle vie !  » . Il n’avait pas assez d’yeux pour voir les filles. «  Matez-moi celle-ci, ah ! elle me botte celle-là, ah ! les femmes que je les aime, que je les aime, que je les aime ! je les trouve fabuleuses ! les femmes c’est ma vie !  » Nous aussi nous avons aimé les femmes, nous les aimons encore mais nous, nous ne sommes plus sur une route nous sommes sur un sentier qui nous emmène, qui nous emmène, où ? Pause ! demain est un autre jour. Mais après tout nous ne sommes pas encore dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et gna gna gna, et gna gna gna où l’on nous mettra au lit à seize heures après nous avoir langés et fait boire un breuvage insane.

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Phileus

Septuagénaire, aimant la course à pied, la lecture, l'écriture, la vie ...

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