Chapitre 32. Le vieux pope
.Mais revenons à notre vieux pope, qui était-il ce vieux qui s’obstinait à ne pas considérer Maloiseau qui ni de près ni de loin n’avait eu maille à partie avec lui. Le bonhomme n’était pas tout à fait un sauvage puisque Maloiseau le voyait bavasser quelquefois avec tel ou tel y compris avec la vieille dame qu’il avait programmée dans ses délires assassins.
Maloiseau l’intimidait-il avec son air hautain, jugeait-il que le propriétaire d’une maison qui avait un simili de belle apparence, qui en jetait en quelque sorte, – S’ils savaient tous ces gens là dans quel état de délabrement cette maison centenaire était, ils en rabattraient et se moqueraient bien de ce pauvre qui se prenait pour un riche dans leur esprit – qu’un tel propriétaire ne pouvait être qu’un gros riche … Evidemment le vieux barbu lui n’était qu’un pauvre ère sans famille qui vivotait douloureusement dans sa cour des miracles gisant dans son couloir sombre d’où l’on sentait tout à la fois remonter les remugles des Ténardier, ou les désespoirs sordides de Germinie Lacerteux …
Un jour Maloiseau pris la décision de s’ouvrir, d’aller aux autres et ainsi de monter au front et de prendre l’initiative. Il croisa le bonhomme qui avançait dos courbé, les mains croisées, tête baissée traînant la savate, et lui lança un sonore ; » Bonjour monsieur, vous allez bien ? » L’autre surpris s’arrêta, releva la tête, et lui dit : » Oui et vous ? » . Mais Maloiseau fut stupide sur le coup. Il ne s’attendait pas à ce retour si prompt et clair pour ne pas dire carré, mais allez ! disons carré. Bêtasse il sourit et dit ; » couçi-couça » alors le bonhomme, irrité, bourru et péremptoire qui se révélait n’être pas couçi-couça le regarda droit dans les yeux et lui dit ; » ça va ou ça va pas ? «
Bon c’était mal barré, vieux con, Oui ça va répondit Maloiseau ça va. » Eh bien ça va ! » conclut le vieux fou. Maloiseau baissa cependant d’un ton et dit au bonhomme Vous savez où j’habite là en face, si un jour vous voulez que je vous fasse des courses n’hésitez pas, demandez, et l’autre répondit ah de la viande de la viande oui. Et ce fut tout . Il voulait de la viande. Quoi ! de la viande ! Maloiseau laissa tomber. Quand l’incompréhension se hisse à la hauteur de la muraille de Chine l’entreprise est désespérée.
Il lui aurait bien hurlé à la face ; » Eh bien mon cher monsieur vous, à la ptôse gonflée par vos préjugés de classe, sachez que moi Jean-Primus Maloiseau j’en ai bavé avant de me hisser et de trouver ma place sur le plancher des vaches à lait. Mais les vaches sont-elles autre chose qu’à lait ? Maloiseau se mit à rire les vaches, les vaches, les vaches qui regardent passer les trains, les vaches d’Emmanuel Carrère qui dit pratiquer la marche dans la montagne à vaches et se dit en conséquence » méditant de montagne à vaches . « … les bonnes femmes qui devant le miroir d’ » Incroyables transformations » s’extasiant devant leur métamorphoses s’exclament la main sur la bouche bée ; » Ah ! la vache ! «
Moi monsieur, j’ai vécu pendant vingt-cinq ans dans un vingt cinq mètres carrés, et couchais dans la même chambre avec mon frère que celle de mes parents et à vingt-ans monsieur j’ai fait une TS … Vous voulez que je vous mette les points sur les i et que je développe ! Vous savez ce qu’est une TS monsieur ? Mais moi monsieur je ne vous ai jamais perçu pour un moins que rien moi monsieur qui ai véritablement été un moins que rien et qui ai été traité comme tel. » Là, Maloiseau se perdait dans les fureurs d’Oreste.
Mais Maloiseau reprit ses esprits.
Là, s’agissant de ce vieux, Maloiseau n’avait pas d’idée arrêtée quant au mode d’action, le bousculer peut-être en le croisant sur le trottoir et le faire basculer sur la chaussée à l’arrivée d’un bus.
Mais le vieux, là, lui avait suffisamment pris la tête, il faut varier les plaisirs, il classa sa fiche et s’écria au suivant !.
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