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Chapitre 17 . La liste …
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Et maintenant il fallait s’atteler à l’établissement de cette liste, la liste de ces impurs, de ces vibrions miasmatiques qui se prenaient pour les nombrils du monde et en constituaient le substrat et que personne n’avait vu se profiler, s’installer, s’établir. Mais dormante depuis deux décennies cette horde après s’être infiltrée insidieusement à bas bruit après maintes reptations qui n’avaient cependant éveillé l’attention de personne, émergeait surgissait soudain, puissante, invasive, inarrêtable, s’enracinant.
Une bobovoyoucratie spécieuse, suffisante, transgresseuse des lois et règlements, tout en même temps aboyeuse des vertus du vivre ensemble, slogan qu’elle érigeait sans vergogne en principe de vie, et qu’elle affichait pour s’attirer les sympathies et adhésions du voisinage, dissoudre les suspicions, pour mieux séduire et instaurer plus aisément ses propres règles, bâtir sa citadelle, murer son territoire et défendre ses propres intérêts mais pour vivre en définitive selon ses bons plaisirs et d’abord pour soi-même, cette nouvelle voyoubobocratie instaurait son règne. Les marquisats de l’Ancien Régime se reconstituaient..
Oui Maloiseau était un grand bavard, hâbleur et fat redondant, un gros gribouilleur qui se répétait, qui ressassait, qui fatiguait. Il était aux antipodes d’un Charles Juliet qui écrit ; » Il ne faut pas s’étaler mais écrire sans aucune complaisance avec soi-même » . Jean-Primus Maloiseau se complaisait avec lui-même. Jean-Primu.
Jean-Primus Maloiseau se serait vexé de s’entendre affublé de ces vocables miséreux, condescendants et goguenards qui gommaient d’un coup ce qu’en toute bonne foi voire objectivité il estimait être sa personnalité, sa singularité, son aura. Mais ces mots, ces épithètes qui le disqualifiaient il les connaissait. Mais il savait lui qui il était vraiment. Quoi que l’on en dise l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même et comme après tout personne ne savait ce qu’il était vraiment – Une bonne femme de la rue le prenait pour un commissaire de police le voyant régulièrement passer devant chez elle en blazer, cravate, souliers vernis, et petit cartable – il pouvait s’adonner à son plaisir narcissique de grand solitaire qui ne trouvait qu’en lui-même les vertus qu’il exigeait des autres et l’amour qu’il en avait espéré, l’amour qu’il se donnait, celui qu’il se vouait.
Maloiseau commençait ainsi à se constituer un copieux et joli fichier.
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A Suivre.
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